Trop d’animaux abandonnés lors des déménagements Canoë Geneviève Riel-Roberge
07/06/2008 18h39
Au Québec, 500 000 animaux sont abandonnés chaque année. À l’arrivée du premier juillet, plusieurs animaux seront malheureusement abandonnés par leur propriétaire dans un logement désert. La Ville de Montréal et la Société québécoise pour la défense des animaux (SQDA) ont lancé un appel au civisme des citoyens pour contrer le phénomène. Le recours aux fourrières ne semble pas non plus une solution, une forte proportion des animaux qui y sont ramenés étant euthanasiés quelques jours après leur arrivée.
«Les façons traditionnelles de gérer la surpopulation des animaux domestiques ne fonctionnent plus au Québec», a mentionné en entrevue Johanne Tassé, porte-parole des Centres d’Adoptions des Animaux de Compagnie du Québec, où tous les animaux sont stérilisés avant d’être prêts pour l’adoption.
Celle qui œuvre depuis onze ans dans le sauvetage d’animaux abandonnés décrie le fait que le nombre d’animaux abandonnés et euthanasiés soit en constante hausse.
«Ça fait 11 ans que je suis dans le sauvetage d’animaux et je n’ai jamais vu autant d’abandons. Ou on les entrepose, ou on les euthanasie, la situation est alarmante», a affirmé celle qui attribue en grande partie cette hausse d’abandons aux achats impulsifs et à la perception qu’ont les Québécois des animaux. «Pour l’anglophone, l’animal de compagnie est perçu comme un membre de la famille à part entière. Pas pour le Québécois, qui le voit davantage comme un simple bien».
Un bien meubleLa porte-parole de la Société québécoise pour la défense des animaux (SDQA), Patricia Tulasne, a elle aussi déploré, en entrevue, l’absence de statut des animaux.
«L’animal, dans le code civil, est considéré comme un bien meuble. Souvent, les gens ne sont pas assez responsables face à leurs animaux. Ils ont un coup de cœur dans une animalerie et ils achètent sans se poser de question.» Elle a d’ailleurs précisé qu’il serait préférable que les gens s’interrogent sérieusement, avant l’achat, sur le sort d’un animal en cas de déménagement, de maladie, de divorce, de changement de conjoint ou de quelque autre motif pouvant les amener à reconsidérer la question d’en être propriétaire.
Problème de sociétéPatricia Tulasne a aussi évoqué la possibilité que des programmes municipaux soient instaurés afin que les propriétaires d’animaux moins fortunés aient, malgré tout, accès à la stérilisation de leur animal à moindre coût. Elle considère d’ailleurs le phénomène de la surpopulation animale comme un véritable problème de société.
«Personne n’apprécie que des chats errants urinent sur leur terrain. La surpopulation domestique devrait être considérée par les villes comme un problème de société, au même titre que les nids de poule ou l’état de l’aménagement urbain», a ajouté celle qui a généreusement accueilli, chez elle, en campagne, 18 chats, certainement traités aux petits oignons.
Adoption Chats Sans AbriSylvain Bissonnette, président du conseil d’administration de l’organisme - sans but lucratif - Adoption Chats Sans Abri, à Limoilou, prévoit recevoir, durant la saison, entre 30 et 40 appels par semaine de gens désirant se départir de leur chat. «On conseille aux gens de chercher quelqu’un, dans leur entourage, qui pourrait adopter leur animal». Une des missions du centre est aussi la stérilisation. «Parce que deux chats, peuvent produire, avec toutes les générations de chatons subséquentes, 21 000 chats en quatre ans», a-t-il spécifié. Un questionnaire est aussi remis aux gens désireux d’adopter un chat, afin d’estimer avec réalisme le sérieux de leur démarche. «Il y a une grosse éducation à faire. Un chat, ça n’est pas une plante verte. Il faut que les gens soient responsables», a-t-il conclu.
Au Québec, 45% des ménages possèdent un animal domestique. Les statistiques démontrent qu’en moyenne, chacun n’est gardé que deux ans par ses propriétaires. Au Québec, 350 000 chats sont euthanasiés chaque année.
http://www.canoe.com/infos/societe/archives/2008/06/20080607-183938.html